L'histoire de la Chanson Française

L'histoire de la Chanson Française

La chanson française

La chanson française que nous connaissons découle d’un très long cheminement qui remonte au moins au Moyen-Age et aux troubadours qui amusaient la noblesse, voguant de château en château pour proposer leurs services. En parallèle de cela ce sont petit à petit développé des airs folkloriques dans tous les coins de France, narrant les grands événements ou contant des histoires légères, et ce dans les différents dialectes régionaux (occitan, alsacien, breton, provençal etc.). Les moyens de communication étant très réduits, la transmission orale via des chansons dans les cercles familiaux et amicaux durant des veillées notamment, a joué un rôle primordial dans la connaissance par la population de différents événements.

Au cours de XVIIe et XVIIIe siècles, la tragédie lyrique, notamment sous la plume de Jean-Baptiste Lully, s’est imposé comme le pendant de l’opéra italien avec des spécificités bien françaises. Le style fera place ensuite à l’opéra-comique, un genre moins ancré dans le tragique que son illustre ainé, et qui à force de se transformer donnera les fameuses opérettes qui feront le bonheur du public du milieu du XIXe siècle jusqu’au milieu du siècle suivant, créant les premières « vedettes » telles que Luis Mariano, Alibert ou Reda Caire.


C’est également à cette époque que l’on voit l’essor des cabarets, ces salles de concerts qui étaient les ancêtres des café-concerts que nous connaissons de nos jours. Paris a bien évidemment été le centre névralgique des cabarets en France, particulièrement à Montmartre et dans le Quartier Latin avec des institutions (dont certaines existent toujours) telles que Le Chat Noir, l’Olympia, Les Folies Bergères ou le Moulin Rouge. C’est à ce moment-là qu’émergent des artistes tels que Damia, Fréhel ou Aristide Bruant avec un style de chansons largement influencé par la littérature que l’on nommera « chanson réaliste ».


Entre le cabaret et le l’opérette, on trouve le music-hall qui trouve ses racines dans un genre en pleine émergence aux Etats-Unis et qui est en train de conquérir l’Europe : le jazz des big bands de Duke Ellington ou Count Basie.

Arrivent alors une nouvelle génération de chanteurs et de chanteuses dont on peut réellement dire qu’ils sont les pionniers de la chanson française moderne : Charles Trénet, Mistinguett, Tino Rossi, Jean Sablon, Maurice Chevalier puis Henri Salvador, Les Compagnons de la Chanson etc.


En parallèle du music-hall se développe une frange d’artistes qui piochent ouvertement dans les poètes tels que Verlaine, Baudelaire, Aragon ou Rimbaud pour créer leurs chansons. Ils s’appellent Barbara, Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel ou le franc-tireur Boris Vian (jazzman à ses heures également puisqu’il joue de la trompette).


Après le jazz, le prochain choc musical à traverser l’Atlantique est bien sûr le rock. La guerre est un mauvais souvenir et la jeunesse qui ne l’a pas vécue, ou du moins pas comme leurs parents, a envie de guitares, de copains et de liberté (à tous les niveaux). Les années 50 voient arriver la radio un peu partout, la télévision petit à petit et les 45 Tours.

Ce format à de nombreux avantages : il est peu onéreux pour le consommateur qui s’est équipé d’une platine (souvent une mallette tout-en-un comme nous avons pu les voir refleurir depuis quelques années), facile à produire pour le label et il constitue également un test pour les artistes. Si un 45T se vend bien on en fait un autre et petit à petit on a assez de matière pour un 33T.

S’il fait un bide, l’artiste est souvent relégué aux oubliettes. Les fers de lance du rock à la française (qui adaptent très souvent les tubes US dans la langue de Molière) sont Eddy Mitchell et ses Chaussettes Noires, Dick Rivers et les Chats Sauvages mais aussi bien sûr Johnny Hallyday et quelques autres.

Cette génération de chanteurs est appelée les « yéyés » grâces à la célèbre émission radio « Salut les copains » qui lancera les carrières de Claude François, France Gall, Sylvie Vartan, Hervé Villard, Adamo, Jacqueline Taïeb ou Françoise Hardy pour n’en citer que quelques-uns. C’est vraiment à cette époque que l’on peut acter de la naissance de la musique de variété moderne en France. Tous ces artistes occuperont les charts durant les années 60 / 70 mais en parallèle, une constellation de nouveaux venus arrivent dans le paysage musical, poussés par des maisons de disques qui cherchent de plus en plus à sortir des disques calibrés pour la radio et à même de plaire au plus grand nombre (la jeunesse mais aussi leurs parents).


 

 

 

 

On voit naître à cette époque les carrières de Dalida, Enrico Macias, Sacha Distel, Claude Nougaro, Nino Ferrer, Michel Polnareff, Joe Dassin, Brigitte Fontaine, Jacques Higelin ou Serge Gainsbourg pour n’en citer que quelques-uns.


Ce dernier qui a raté une carrière de peintre écrit pour les autres (Dani, France Gall, Juliette Gréco, Isabelle Aubret, Pétula Clark etc.) et se produit sur différentes scènes parisiennes avant de connaître le succès (en dent de scie) au cours d’une carrière qui le verra s’essayer à différents styles : jazz, chanson Rive-gauche, pop 70’s sous influence anglaise, reggae, exotica, musiques de films etc. Personnage controversé car volontiers provocateur, il reste largement dans les mémoires pour ses disques avec Jane Birkin ou Brigitte Bardot mais aussi pour ses concept-albums Melody Nelson et L’homme à la tête de choux ainsi que ses disques reggae des 80’s.


Les années 70 verront le déferlement du disco sur le monde et l’Hexagone n’y échappera pas : Dalida, Sheila, Claude François et bien d’autres adopteront ce style destiné aux pistes de danses avec des bonheurs variés. Les studios d’enregistrements se sont modernisés grâce à différentes avancées technologiques et la variété règne en maître pour le plus grand bonheur des producteurs dirigeants les principaux labels, Eddie Barclay en tête. On voit apparaître des personnages qui marqueront le paysage musical français comme Francis Cabrel et Maxime Le Forestier, tous deux très influencés par le folk américain ou Michel Berger, que certains comparent à un genre de « Marvin Gaye à la française ». Sa relation, à la scène comme à la ville, avec France Gall donnera naissance à certains des plus grands tubes des 70/80s.


Les années 1980 verront quant à elles le grand retour du rock dopé par l’ouverture des ondes FM suite à l’élection présidentielle de 81. Une multitude de stations radio sont créés par des amateurs de musiques qui sont en pleine effervescence. Ils sont souvent jeunes, à la pointe des dernières tendances anglaises ou américaines et veulent s’adresser à un public qui leur ressemble. Hors de question de passer la vieille variété à papa, place au boogie, à la synth pop (ou new wave) et au rock qui enflamme les discothèques le weekend venu Si la plupart des grands noms précédemment évoqués continuent leur carrière discographique, une nouvelle génération arrive : Jean-Jacques Goldman, Alain Bashung, Julien Clerc, Bernard Lavilliers, Laurent Voulzy, Alain Souchon, Renaud, Daniel Balavoine, Mylène Farmer mais aussi Téléphone, Niagara, Les Rita Mitsouko, Indochine ou Trust pour le côté plus marqué rock.

Dans l’ombre des grands noms, une multitude d’artistes plus ou moins underground produisent des disques qui n’ont rien à envier à leurs homologues d’Outre-Manche. On pense notamment ici à toute la vague des « Jeunes gens modernes » dont les figures de proue sont Jacno, Taxi Girl, Etienne Daho, Kas Product, Daniel Darc, Marquis De Sade ou Marie et Les Garçons.

 Si cette décennie voit un énorme bouleversement avec l’arrivé du home-studio, de la technologie MIDI, des synthétiseurs et autres boîtes à rythmes qui permettent à tout un chacun de produire quasiment un album chez soi, l’autre révolution est visuelle. Ou plutôt télévisuelle avec l’arrivée du clip qui devient un outil massif de promotion des nouveaux titres pour les maisons de disques.


La décennie suivante sera vraiment marquée par quelques chanteurs (Florent Pagny, Pascal Obispo, Roch Voisine, Patrick Bruel), des chanteuses (Céline Dion, Lara Fabian, Mylène Farmer, Zazie, Axelle Red) et tous les artistes qui s’en sont inspirés. Grâce aux quotas de langue française qui sont imposés aux radios, un autre genre explose alors : le rap. S’il a été au début dédaigné et vu comme un phénomène de mode, on peut clairement dire 30 ans après qu’il est durablement et solidement installé dans les oreilles de la jeunesse.

Le rock n’est pas en reste dans les 90’s non plus avec des locomotives comme Noir Désir, La Mano Negra et son charismatique leader Mano Chao, Pigalle, Les Wampas, Les Négresses Vertes, Les Innocents etc.

Une grande tendance à apparaître au tournant des années 90 / 2000 est la résurgence de comédies musicales à grand spectacle (Les dix commandements, Notre Dame de Paris, Roméo et Juliette, Le Roi Soleil etc.) qui vont à la fois créer un véritable engouement de la part du public et révéler de nombreux talents aux capacités vocales puissantes : Hélène Ségara, Garou, Daniel Lévi, Christophe Maé, Emmanuel Moire etc.

Cette mode des comédies musicales laissera peu à peu sa place aux jeux télévisés destinés à dénicher de nouveaux artistes prometteurs. C’est ni plus ni moins que le retour au fameux « télé crochet » et autres « tremplins », connus d’abord sous forme radiophonique puis télévisuelle depuis les années 50. Dans cette version remise au goût du jour, le public suit les artistes pas à pas entre les émissions et vote en direct pour son favori. Tout le monde connaît leurs noms (Star Academy, The Voice, Nouvelle Star, Popstars) et les artistes qu’elles ont contribué à faire émerger : M. Pokora, Chimène Badi, Julien Doré, Soan, Luce, Christophe Willem, Slimane, Kendji Girac, Elodie Frégé, Nolwenn Leroy, Grégory Lemarchal, Olivia Ruiz etc.

 

 

Les grands succès de la variété dans ces années ne nomment Calogéro, Jean-Louis Aubert, Marc Lavoine, Benjamin Biolay, Yannick Noah, De Palmas, Natasha St-Pier, Renaud qui fait son grand retour ou Carla Bruni aux côtés d’une nouvelle génération qui se frotte à l’electro, les musiques urbaines ou la pop : Stromae, Cœur de Pirate, Raphaël, Grégoire, Fréro Delavega, Angèle, Louane, Clara Luciani, Christine And The Queens, -M-, Vianney etc.

Depuis la toute fin des années 90 nous avons également vu apparaître des groupes qui piochent dans différentes traditions (yiddish, Balkans, tsiganes, méditerranéennes), le rock alternatif et la chanson réaliste (Brel, Ferré, Barbara, Brassens, Vian etc.). Il se nomment Les Têtes Raides, Lo’jo, Les Hurlements d’Léo, La Rue Kétanou etc. et ont clairement trouvé un public qui se retrouve dans leur musique sincère et la plupart du temps engagée.

 

On peut affirmer sans se tromper que le paysage de la chanson en France n’a jamais été aussi varié, embrassant les esthétiques de la pop, du rock, du jazz, des musiques du monde ou de l’électro pour le plus grand bonheur d’un public qui est loin d’avoir lâché ses artistes nationaux pour n’écouter que la musique venue d’Outre-Atlantique.

Bibliographie :

  • Bertrand Dicale « Dictionnaire amoureux de la chanson française (Plon)  
  • Maxime Delcourt « Il y a des années où l’on a envie de ne rien faire (Le Mot Et Le Reste)
  • Eric Deshayes, Dominique Grimaud « L’underground musical en France) (Le Mot Et Le Reste)
  • Rémi Foutel, Julien Vuillet « Jean-Claude Vanniers »