L'histoire du Classique

L'histoire du Classique

Bach, Mozart, Beethoven, Verdi, Haydn... Le XVIIIè siècle aura fait naître bon nombre de grands compositeurs. Héritage de la musique médiévale, de la musique de la Renaissance puis du Baroque, la musique classique évolue avec l’Histoire, et les influences des échanges entre pays... Elle a cela de fascinant qu’elle a traversé les âges les plus anciens pour nous séduire encore aujourd’hui : elle demeure un vecteur d’émotions fort chez les amateurs du genre, et certains interprètes ont acquis le statut de légendes. Grâce à des labels tels que Deutsche Grammophon ou Warner Classics, on trouve encore en vinyle une production très variée qui ravira les audiophiles.

Bach

Verdi

Mozart

Beethoven

Commençons par un éclairage rapide sur l’histoire du genre :

Le Moyen Age est derrière nous, liturgie chrétienne et musique vont de pair, chant monodique et polyphonies emplissent les églises, et sont encore interprétés aujourd’hui. C’est l’époque de l’Ars antiqua, l’Ecole de Notre-Dame et l’Ars nova, menés par des compositeurs comme Adam de la Halle, Guillaume de Machaut, Hildegard von Bingen ou Guillaume Dufay pour ne citer qu’eux. A la fin du XVe siècle en Europe le système féodal est vieillissant. Il laisse place à un nouveau modèle de société, plus aristocrate et commerçant, drainant avec lui les arts, la poésie, la peinture et la musique. De manière générale, les artistes de cette époque s'inspirent de l'art gréco-romain, rappelant la période culturelle faste de l’Antiquité. Le point de départ de cette nouvelle période est Florence, puis se propage dans toute l'Italie, en Espagne, en Europe du Nord, en Allemagne, jusqu’à gagner toute l'Europe au XVIe siècle. Au niveau musical, place est faite à la voix : polyphonie, madrigaux, motets. 

Gilles Binchois

Guillaume Dufay

Johannes Ockeghem

Josquin Des Prez

Parmi les compositeurs emblématiques de cette période, citons notamment Gilles Binchois, un des meilleurs mélodistes du XVe siècle, Guillaume Dufay, l’un des premiers compositeurs de l’école franco-flamande, Johannes Ockeghem, auteur du plus ancien requiem polyphonique connu, Josquin Des Prez, représentant majeur de l’École Franco-Flamande, Giovanni Pierluigi da Palestrina, considéré comme le père de la polyphonie, William Byrd, un des représentants et un professeur renommé du "style" Renaissance arrivé plus tardivement en Angleterre que dans le reste de l'Europe. Leurs œuvres sont aujourd’hui mises en lumière par des artistes comme Jordi Savall avec l’ensemble Hesperion XX, le Concert des Nations, qui a contribué au renouveau et s’est affirmé comme un maître de cette période, ou encore le chef Philippe Herreweghe et l’Ensemble Vocal de la Chapelle Royale, le Pro Musica Antiqua et la Capilla Flameca, respectivement dirigés par Paul van Nevel et Dirk Snellings.

Dirk Snellings

Jordi Savall

Philippe Herreweghe

Paul van Nevel

 

 

 

 

Ce courant se prolongera jusqu’au XVIIe siècle, avant de laisser place à la musique Baroque : la musique se complexifie, les premiers « tubes » apparaissent, et le genre fait la place belle au luth, à l’orgue et au clavecin. Les œuvres sont tournées vers l’Homme, mais restent fortement imprégnées de divin. Des noms apparaissent comme Monteverdi, Pachelbel, Albinoni, Charpentier, Couperin, Rameau, Lully et un certain Bach...

Monteverdi

Charpentier

Pachelbel

Couperin

Albinoni

Rameau

Les interprètes de notre époque ont mené nombre de travaux de recherche sur ce patrimoine musical et ont exhumé des morceaux devenus cultes. Impossible de passer à côté de l’Orféo de Monteverdi, et de son interprétation menée par Gabriel Garrido, ou des incontournables Quatre saisons de Vivaldi, ni du célèbre Canon de Pachelbel qui a donné lieu à de nombreuses reprises pop ou rock, des Village People à Maroon 5 ! Le label Erato a restauré et rassemblé de nombreux enregistrements de cette période : l’interprétation des Concertos Brandebourgeois de Bach par Jean-François Paillard, accompagné de Jean-Pierre Rampal ou Maurice André en est un bel exemple. A cette époque se développent les opéras, oratorios, concertos, les cantates, les sonates, les suites, les préludes, fugues, etc. Le terrain est prêt pour faire place à la musique dite « classique ».

Vivaldi

Jean-François Paillard

Jean-Pierre Rampal

Maurice André

Nourris de toutes ces possibilités de formes musicales, les compositeurs peuvent désormais simplifier, clarifier et fluidifier le style. A partir de 1760 environ, la société s’est embourgeoisée et urbanisée. La religion est moins déterminante, l’Homme revient à une place désormais plus centrale dans la musique. Les sonates et les symphonies s’affirment, le piano remplace le clavecin, le violon la viole, et l’orchestre moderne apparait à cette époque. Si aujourd’hui la musique classique peut être perçue comme austère ou rigide par certains, à l’époque il s’agit au contraire d’une forme d’affranchissement, une exploration tout azimut, bref une liberté de ton musical. Un homme surdoué deviendra le symbole de cette période : Mozart. Touche à tout, il est difficile d’isoler ses « meilleures » compositions : Symphonie N°40 ? Requiem ou Messe en ut mineur ? Concertos pour clarinette, concertos pour piano ? Don Giovanni, La flûte enchantée, Les noces de Figaro ? Attardons-nous plutôt sur ses interprètes : Bruno Walter pour son interprétation du Requiem, la russe Marina Yudina qui a ému Staline, la pianiste Clara Haskil, Friedrich Gulda, Alfred Brendel, Daniel Barenboïm, Paul Badura-Skoda, Murray Perahia ou plus récemment, Seong-Jin Cho chez Deutsche Grammophon... autant de légendes dans le sillon du compositeur. Aux côtés de Mozart, Haydn est une autre figure emblématique de cette période, avec notamment pas moins de 106 symphonies à son actif, considéré comme le père du quatuor à cordes (dont le mouvement lent du quatuor « L’Empereur » est l’hymne national allemand) il est aussi l’auteur du Concerto pour violoncelle en ut majeur (brillamment interprété par Rostropovich, ou plus récemment par Gauther Capuçon ou Yo-Yo Ma) et des oratorios La Création ou Les Saisons. Autres compositeurs célèbres de la période classique : les fils Bach, qui font un pont entre la musique de leur père et la modernité du XVIIe siècle, Boccherini, compositeur prolifique de musique de chambre, Rossini, davantage associé à l’opéra (Le barbier de Séville, L’italienne à Alger, Guillaume Tell...).


 

Friedrich Gulda

Clara Haskil


 

Marina Yudina

Bruno Walter


Ludwig van Beethoven se situe quant à lui à la charnière de l’époque classique et romantique : son génie nous a laissé des symphonies, des concertos, des sonates pour piano ou de la musique de chambre fort appréciés encore aujourd’hui : la 9ème symphonie et l’Ode à la joie, la Sonate au clair de lune, le Concerto N°5 sont autant de témoignages de l’esthétique romantique de ses compositions, et sa virtuosité est résolument moderne pour l’époque. Les sentiments s’expriment, les vagues à l’âme, la sensibilité, la colère ou la révolte, cette sensibilité révolutionnaire ouvre la voie à des compositeurs comme Schubert, Chopin, Schumann, Berlioz au XIXe siècle : la musique romantique sera passionnée. La forme du Lied allemand est assez caractéristique de cette époque : les émotions passent au travers du chant, bien souvent accompagné au piano. Le Chant du cygne ou le Voyage d’hiver de Schubert, les Lieders d’Hugo Wolf, de Gustav Mahler ou Richard Strauss en sont des exemples assez typiques. Mais la musique instrumentale n’est pas en reste : les symphonies s’imposent et évoluent en poèmes symphoniques, à l’instar des compositions de Franz Liszt. Le piano est roi, et l’un de ses meilleurs représentants est Frédéric Chopin : ses nocturnes, préludes, polonaises, valses ou mazurkas expriment toute la mélancolie du jeune virtuose. Les fantaisies de Robert Schumann, les Romances sans paroles de Mendelssohn ou les Etudes de Franz Liszt sont incontournables également. L’opéra n’est pas en reste et est révolutionné par Richard Wagner : largement inspiré de la mythologie et des légendes germaniques, ses œuvres sont grandiloquentes : Parsifal, L’Anneau du Nibelung, Tristan et Isolde, le Vaisseau fantôme... L’orchestre tient une place aussi importante que le chant et fait de ces drames lyriques des œuvres aux envolées fantastiques. Ce siècle si riche voit aussi des compositeurs émerger comme Debussy et sa musique impressionniste, Dvorak et sa Symphonie du Nouveau Monde, Grieg ou Sibelius qui incorporent des éléments du folklore dans leur musique.

Schubert

Frédéric Chopin

Hugo Wolf

Richard Wagner

Richard Strauss

Debussy


Le XXe siècle a ensuite vu la musique classique évoluer dans plusieurs directions : utilisation des modes médiévaux dans la musique de Messiaen, affranchissement des systèmes de tonalité majeure et mineure dans l’œuvre de Schönberg, introduction d’éléments de hasard « contrôlé » chez John Cage ou Boulez, recherche de nouvelles sonorités avec la musique concrète et électroacoustique dans les travaux de Pierre Schaeffer, Pierre Henry ou Karlheinz Stockhausen. Le ballet Le Sacre du Printemps de Stravinsky tient une place particulière dans la musique moderne : la superposition de rythmes et tonalités différentes apporte une originalité qui scandalisera le public parisien lors de la première représentation. La musique classique s’est exportée : aux Etats-Unis par exemple, Philip Glass, Steve Reich ou Georges Gershwin, lequel inclut des éléments de Jazz dans ses œuvres symphoniques et ses opéras. Mais c’est aussi l’époque où les interprètes se font une place et deviennent de véritables icônes dans ce milieu : la force dramatique de Maria Callas, la folie de Glenn Gould, la virtuosité de Rostropovich... des interprètes dont le talent remet les œuvres en lumière et qui savent retranscrire leur émotion, frôlant la perfection. Aujourd’hui encore, de nouveaux noms apparaissent sur le devant de la scène : le pianiste chinois Lang Lang, dont la renommée n’est plus à faire, le violoncelliste Yo-Yo Ma, la mezzo-soprano Cecilia Bartoli, la soprano Nathalie Dessay, la cantatrice Anna Netrebko, le contre-ténor Philippe Jaroussky, le ténor Jonas Kaufmann... autant de noms signés chez les plus grands labels de classique.


Stravinsky

Maria Callas


Philip Glass

Lang Lang


  • Laurens, Nadel, Etienne "L'hiostoire des grands compositeurs" (Librairie des Ecoles)
  • Loretta Barnard "Classica" (HF Ullmann Editions)
  • Roland de Candé "Les chefs d'oeuvre classique de la musique" (Seuil Editions)